Post-partum difficile : quand ça veut pas…

Maternité, Témoignage

Après la naissance de mon premier enfant, j’ai connu une semaine longue et difficile dans le service des suites de couches de la maternité qui m’a profondément marquée.

Quand l’allaitement ne se met pas en place

Dès la naissance de bébé, la mise en place de l’allaitement a été compliquée. Dès l’installation dans la chambre de suite de couches, j’ai eu beaucoup de mal à donner le sein à E. Le premier jour, il a énormément dormi ce qui m’a permis de récupérer un peu de la nuit blanche passée. J’ai eu quelques visiteurs, mais globalement cette journée était plutôt sereine. Chéri m’a rejoint en fin de journée après être rentré se reposer.

Ce soir-là, les choses ont commencé à se compliquer. J’essayais de le nourrir au sein étant donné qu’il avait très peu bu dans la journée. Il le prenait mal, pinçait le téton ce qui était douloureux et il ne parvenait pas à téter efficacement. J’ai donc assez vite fait appel aux conseils de l’auxiliaire de puériculture de nuit. Elle a également essayé sans que ce soit très concluant et m’a dit que si cela restait difficile il faudrait envisager de lui donner un complément.

Je me sentais complètement démunie et l’auxiliaire m’a proposée d’emmener bébé pour que je puisse dormir. Il a recommencé à pleurer. On me l’a amené plus tard pour une nouvelle mise au sein et la sucette m’a été proposé pour l’aider à se calmer. Avec le recul, je sais désormais que tout ces petites choses ont été responsables de l’échec de l’allaitement.

Le lendemain matin, le pédiatre, Docteur S, est venu examiner bébé mais il pleurait énormément, elle a donc écourter l’examen et m’a spécifié qu’elle repasserait pour un nouveau contrôle le lendemain. Me voilà donc, seule, avec un bébé qui pleure beaucoup, incapable de le nourrir efficacement.

Je fais donc appel à l’auxiliaire de puériculture de jour qui prend le temps de m’aider dans la mise au sein et de me donner des conseils. Elle remarque qu’E. à le teint jaune et me conseille de le mettre près de la fenêtre pour bénéficier de la lumière naturelle.

Elle revient ensuite pour effectuer un contrôle de la bilirubine avec un petit appareil. Le taux est élevé et elle me prévient que mon fils aura besoin de photothérapie. Chéri me rejoint en fin de matinée et je lui donne les dernières nouvelles, ravie qu’il soit à mes côtés.

Ictère du nourrisson : l’ombre de la néonat’

Je commence à m’inquiéter, et à raison vu que deux heures plus tard il est transféré dans le service de néonatologie pour de la photothérapie intensive. Le service de néonatologie se trouve à l’autre bout de l’hôpital. Je souffrait des cicatrices de l’épisiotomie (j’avais du mal à marcher, la position assise était très inconfortable et j’avais des douleurs intenses). Mon mari se chargeait de me pousser en fauteuil jusqu’au service où E. a été transféré. Il y restera quatre jours.

J’en garde un souvenir très amer. Bébé était branché de petites électrodes, il avait un masque sur les yeux. La pièce était baigné de cette lumière bleue angoissante. Je ne me suis pas senti du tout soutenue par l’équipe. On m’a donné des bouts de sein en silicone pour aider à la mise au sein tout en me précisant qu’il devrait dans tout les cas recevoir des biberons.

Je devrais donc demander à l’équipe de maternité de me fournir un tire-lait afin qu’il puisse tout de même bénéficier du colostrum. Il devait rester dans cette machine durant minimum 48 heures. Il en sortait uniquement pour être changé et nourri. J’étais anéantie et je me sentais extrêmement coupable. Je souffrais physiquement et psychologiquement.

Chéri a été d’un fort soutien même si c’était également difficile pour lui. Nous n’avions pas envisagé tout ça. Le premier soir, une fois revenus dans la chambre, j’ai fondu en larmes dans les bras de mon mari. J’aurais aimé qu’il puisse passer la nuit avec moi mais cela n’était pas possible. Je me suis endormie seule dans ma chambre, le cœur lourd.

Une montée de lait loin de bébé

La montée de lait à eu lieu cette nuit-là. Je me suis réveillée les seins près à exploser. J’ai donc demander le tire-lait. Le sage-femme me l’a amené, m’a expliquer grossièrement comment m’en servir et m’a laissé avec cette machine sans plus de conseils. J’étais épuisée et en colère. J’ai détesté tirer mon lait pour me premier enfant. Ça me ramenait uniquement à mon « incapacité à nourrir mon enfant ». J’ai vider les deux seins puis me suis rendormie plusieurs heures.

Durant ma semaine à l’hôpital, j’ai reçu quelques visites de ma belle-famille qui sont restés assez courtes (ma famille vivant plus loin préférait patienter jusqu’à mon retour à domicile). J’ai très mal vécu les visites même si ça partait sur une bonne intention. J’aurais aimé rester seule avec mon mari jusqu’à ce que mon fils revienne dans la chambre avec moi. Entre deux visites, je retournais en pédiatrie prendre quelques minutes mon fils contre moi avant qu’il retourne dans sa petite machine sous 37 degrés.

Le lendemain matin, à J+3, la sage-femme m’a examiné et m’a dit que je pourrais avoir le feu vert pour quitter la maternité si je le souhaitais mais que je pouvais également rester hospitalisée en attendant qu’E. puisse rentrer également. J’ai préférée rester à l’hôpital au plus près de bébé. Son hospitalisation dans le service de néonatalogie a durer trois jours.

Après 72 longues heures d’hospitalisation, le pédiatre, Docteur M., l’a enfin libéré. Il nous a expliqué que son ictère sévère était lié au différent rhésus sanguin entre lui et moi (A négatif pour moi, et B+ pour bébé qui a hérité du groupe sanguin de son papa).

Obtenir une explication précise m’a fait un peu de bien même si la blessure était bien présente. Le retour dans la chambre tout les trois a été un immense soulagement. Je respirais bébé comme une drogue. J’ai tenté à nouveau de le mettre au sein en le complétant tout de même au biberon afin qu’il maintienne sa prise de poids entamer en pédiatrie.

à J+5, le docteur S, la pédiatre qui s’est chargé du premier examen, est revenue examiner bébé afin de pouvoir donner le feu vert de la sortie. E. était plus calme que le premier jour et elle a pu tout évaluer.

Elle s’est alors rendu compte de ce qui freinait la bonne prise du sein : il avait le frein de langue trop court. Elle n’avait pas pu s’en rendre compte lors de la première évaluation en raison de ses pleurs incessants. Elle a donc effectuer une petite incision afin de libérer la langue.

Ça a pris quelques secondes et cela m’a redonné espoir. Après quelques nouvelles tentatives infructueuses il a fini par réussir enfin à téter de manière plus efficace, j’ai alors décidé de me remettre activement à l’allaiter.

Sortie de la maternité : entre soulagement et anxiété

Une psychologue de la maternité est venue me transmettre ses coordonnées et me poser quelques questions. Cependant, avec mon bébé enfin dans les bras, je ne voulais pas me replonger dans ces journées difficiles. Nous avons pu quitter la maternité, l’après-midi même avec quelques conseils de la sage-femme et de l’auxiliaire.

Durant cette hospitalisation, j’ai beaucoup pensé à tous les parents qui ont vu leur nouveau-né être hospitalisé. Et je me savais chanceuse face à des situations beaucoup plus douloureuses.

Pour mon fils ça a durer seulement trois jours et on en a souffert, encore aujourd’hui lorsque j’écris. Pour d’autres cela durent plusieurs semaines à plusieurs mois alors je suis de tout cœur avec tous les parents qui ont traversé des épreuves difficiles avec leurs jeunes enfants.

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